Maya
La civilisation maya, qui évolua entre 300 av. J.-C. et 900 apr. J.-C., connut son apogée au VIIIe siècle. Elle est assez bien connue, car, même s’ils ont cessé de bâtir des villes depuis plusieurs siècles, les descendants des Mayas occupent toujours la même région et parlent la même langue que leurs ancêtres. De plus, les Mayas ont laissé une trace écrite de leur histoire (73-74-83-84). Leur écriture, une des quatre que l’humanité a inventées, consiste en glyphes, que les historiens n’ont su déchiffrer que dans les années 1960. Même si on débat encore de certains détails d’interprétation, leur déchiffrement a notablement bouleversé la vision que l’on pouvait avoir de cette société.
Ceux que l’on prenait pour de pacifiques prêtres-astronomes s’adonnant, dans des centres cérémoniels, à l’étude du calendrier sont apparus sous les traits d’un peuple belliqueux organisé en cités-États gouvernées par des rois divins qui élevaient à leur gloire d’impressionnants monuments. On connaît le nom de certains de ces souverains : Oiseau-Jaguar, Pacal, Chan-Bahlum et Dix-huit-Lapin. Les Mayas se préoccupaient beaucoup du calendrier et des calculs mathématiques complexes (ils utilisèrent eux aussi, le zéro), car la précision des dates était un enjeu important de leur cycle rituel. Une agriculture intensive en terrasses, produisant les principaux végétaux alimentaires mésoaméricains — maïs, courge et haricot — faisait vivre leurs grandes villes. Certains éléments culturels mayas étaient empruntés aux Olmèques, leurs prédécesseurs, comme les ustensiles rituels, la désignation du jaguar comme emblème du pouvoir (81), le développement des portraits des souverains et de la sculpture monumentale.
L’importance du sacrifice humain est un autre élément commun à la plupart des civilisations mésoaméricaines. Chez les Mayas, il ne s’agissait pas seulement de prisonniers de guerre mis à mort dans un contexte rituel, comme le jeu de balle : à l’occasion de grandes cérémonies, les membres de l’élite pratiquaient des automutilations en se perçant certaines parties du corps et devaient verser leur propre sang, recueilli sur des morceaux de papier d’écorce, qui étaient ensuite brûlés en offrande à leurs dieux. Le sang était la substance vitale nécessaire à la fertilité de la terre et au bon fonctionnement de la société. C’est pourquoi la classe dirigeante (70-71-75-79) pratiquait ces rites assurant de cette manière sa légitimité et, pouvait ainsi communiquer avec les ancêtres qui leur apparaissaient alors.
L’art maya représente abondamment la guerre (72), les sacrifices rituels et les dieux (76-77). Ces derniers formaient un vaste panthéon, complexe, où se retrouvent des divinités communes à l’ensemble de l’aire mésoaméricaine : dieu du maïs, oiseau céleste et dieu-jaguar (81). La majeure partie de cet art multiforme, parfois purement décoratif, se concentre autour de thèmes divins où se retrouvent certains éléments des épopées mythiques, comme le Popol Vuh, récit des aventures des jumeaux héroïques (73) qui vainquirent les seigneurs du monde souterrain au cours d’un jeu de balle. L’autre grand thème est la glorification des souverains, représentés dans leurs habits ornés de parures (plumes, pendentifs de jade) au milieu des listes de leurs hauts faits. L’art maya, parfois simplement décoratif (78), revêt de multiples formes.
Les Mayas participaient aussi activement au système d’échanges mésoaméricain, faisant venir de lointaines régions le jade (76)et les autres matériaux précieux. Après avoir brillé pendant des siècles, leur civilisation, comme celle de leurs prédécesseurs, commença, vers 850 ou 900, à décliner pour des raisons toujours inconnues — peut-être une déstabilisation interieure combinée à une agression venue de l’extérieur. Les villes furent abandonnées et les Mayas se transformèrent en de petits agriculteurs, ce qu’ils sont restés jusqu’à aujourd’hui.