Lire, comprendre et rester en vie
Les faibles capacités en lecture de certains québécois combinées au langage quasi-scientifique. utilisé dans l’étiquetage des produits alimentaires mettent en danger la vie des personnes allergiques en privant ceux qui préparent leurs repas des informations permettant d’éviter certains aliments.
Les plus récentes données disponibles sur les compétences des québécois à lire et comprendre des textes ont été publiées par l’Institut de la Statistique du Québec et démontrent qu’en 2003 : Près d’un québécois sur quatre ne sait pas lire ou a de grandes difficultés à le faire.
Cela veut dire que parmi ceux qui lisent avec difficulté, certains arrivent à décoder des mots tout en peinant à saisir le sens de la phrase, d’autres ne font pas toujours les liens entre les différentes informations d’un texte et plusieurs perdent le sens du texte quand le vocabulaire se complique ou qu’il devient plus scientifique. Il y a autant d’hommes que de femmes qui éprouvent des difficultés en lecture et plus de la moitié d’entre eux sont âgés de 46 ans et plus. Le problème est plus marqué chez les personnes de 66 ans dont 62% ont de faibles compétences en lecture.
Dans la grande majorité des cas, les personnes qui ne savent pas lire ou qui le font tant bien que mal dissimulent leurs difficultés par des subterfuges de toutes sortes. À votre insu, ces statistiques peuvent prendre le visage de grand-maman, de la gardienne, du parent du meilleur ami de votre enfant ou même de la cuisinière du restaurant où vous mangez en famille tous les dimanches midis.
La complexité du langage utilisé dans la liste des ingrédients des produits alimentaires vendus actuellement au Québec n’a rien pour faciliter la tâche de ceux qui éprouvent des difficultés à lire. Tout particulièrement, le langage quasi scientifique représente un obstacle d’importance pour tous ceux qui veulent savoir ce qu’ils mangent et particulièrement s’ils éprouvent des difficultés à lire. Par exemple, les mots lactosérum et caséine révèlent la présence de lait car elles en sont des composantes. Par surcroît, les sources cachées des allergènes doivent être prises en compte par les personnes qui veulent éviter certains aliments. À ce titre, le mot mandelonas désigne une arachide transformée tandis que l’épeautre est une sous espèce du blé.
Comment apprendre les nombreux mots clés et les sources cachées de chaque allergène à éviter quand on peut difficilement lire la documentation disponible sur le sujet ? Et pire encore, comment repérer un des mots de ce charabia à travers les longues listes d’ingrédients ? À cela s’ajoute le fait que la difficulté se multiplie par le nombre d’aliments à éviter.
Un processus visant à améliorer les exigences à l’étiquetage de certains allergènes prioritaires est présentement en cours. Entre autres, Santé Canada propose de modifier le Règlement sur les aliments et drogues pour que le nom courant des principaux allergènes soit utilisé dans la liste des ingrédients des produits alimentaires. Par contre, l’adoption des modifications tarde de façon injustifiée. La démarche stagne malgré que depuis 2004 des propositions de changements aient été énoncées par Santé Canada qui déclare vouloir franchir la dernière étape avant l’adoption des changements en obtenant les derniers commentaires de la population par la publication des modifications proposées dans la Gazette du Canada.
Malgré l’absence d’exigences sur l’utilisation de noms courants dans la liste des ingrédients des produits alimentaires vendus au Québec, plusieurs compagnies l’inscrivent volontairement. Certaines utilisent des parenthèses et d’autres inscrivent les mots courants à la fin de la liste des ingrédients. Cette deuxième façon de faire a l’avantage d’éviter aux personnes qui éprouvent des difficultés en lecture de devoir effectuer la lourde tâche de repérer certains mots à travers une longue liste. Constatez par vous-même comme l’information peut être facilement accessible en jetant un coup d’œil à cette liste d’ingrédients que j’ai prise sur un produit de marque Betty Crocker.
Il n’est pas étonnant que des compagnies telles que Betty Crocker dont le siège est situé aux Etats-Unis inscrivent le nom usuel des aliments dans les listes des ingrédients des produits vendus au Canada. En réalité, elles ont déjà adopté des stratégies leur permettant de se conformer aux exigences américaines qui obligent depuis le 1er janvier 2006 que la présence d’aliments contenant du lait, des œufs, du poisson, des crustacés et mollusques, des arachides, des noix, du blé et du soya soit déclarée en langage clair dans la liste des ingrédients des produits alimentaires vendus aux Etats-Unis. Les changements proposés aux règlements canadiens sur l’étiquetage des aliments permettront l’harmonisation avec le système américain qui est plus avantageux pour les personnes allergiques.
L’utilisation de mots courants dans la liste des ingrédients des produits alimentaires vendus au Québec facilitera l’accès à l’information nécessaire aux personnes qui veulent repérer la présence des principaux allergènes dans les produits alimentaires et plus particulièrement pour un nombre significatif de québécois qui éprouvent des difficultés à lire.
Mise à jour :
Santé Canada a répondu aux demandes des personnes allergiques en publiant le 26 juillet 2008 une proposition de modification à la réglementation sur l’étiquetage des allergènes prioritaires. Une des améliorations suggérées est l’utilisation de mots courants pour désigner les allergènes prioritaires.
Source : lesallergiesalimentaires.com
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