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Les arts d’Amérique du Nord

L’aire culturelle de l’Amérique du Nord recouvre un immense territoire qui s’étend, du nord au sud, des champs de neige et de la toundra arctiques jusqu’à la Mésoamérique (entre l’actuelle frontière des États-Unis et du Mexique), franchissant montagnes, forêts, plaines et déserts, tandis que, d’est en ouest, elle se déploie sur quelque 5 600 kilomètres, de la côte atlantique au Pacifique. La diversité des paysages naturels de l’Amérique du Nord se reflète dans les cultures des peuples autochtones qui vécurent dans ces différentes régions pendant des milliers d’années. C’est la raison pour laquelle les archéologues et les ethnologues répartissent les populations nord-américaines anciennes en quatre aires culturelles principales : la zone arctique et subarctique, les Woodlands de l’Est, l’Ouest et le Sud-Ouest. Cette partie de l’exposition, est essentiellement consacrée aux arts des Woodlands de l’Est et du Sud-Ouest.

La zone culturelle des Woodlands de l’Est (Eastern Woodlands) comprend la moitié est du continent, du sud du Canada au golfe du Mexique et, horizontalement, de la côte atlantique à une zone de transition qui longe la rivière Missouri et les frontières ouest du Minnesota, de l’Iowa, jusqu’au Texas (voir la carte). L’histoire ancienne des hommes des Woodlands de l’Est se divise généralement selon quatre traditions culturelles : chasseurs de grand gibier, archaïque, Woodland et Mississippien (voir la chronologie).

La tradition de la chasse au grand gibier désigne la période paléolithique primitive où l’homme prit possession des Woodlands de l’Est et de l’ensemble des Amériques. Ces traits culturels paléo-indiens prévalurent de 10 000 à 8 000 av. J.-C. environ, jusqu’à ce qu’apparaissent des formes culturelles et des techniques nouvelles. Cependant, avec l’apparition de la période archaïque, qui dura de 8 000 à 1 000 av. J.C., l’organisation sociale devint plus complexe, car des groupes humains plus importants se rassemblèrent pour vivre sur les sites où la nourriture était abondante, en gibier, plantes comestibles et les crustacés d’eau douce. Un mode de vie semi-sédentaire se développa à la troisième période, dite Woodland, pendant laquelle apparurent des récipients en terre cuite et un nouveau type d’objets de petite taille en pierre polie, présentant des formes géométriques abstraites ou animales (01).

À partir de 700 apr. J.-C., jusqu’aux incursions coloniales des Européens, au XVIIe siècle, une nouvelle culture domina les Woodlands de l’Est, la culture du Mississipien également dite des Tertres cérémoniels (Temple Mound Culture). Au cours de ces dix siècles, d’importants centres urbains se développèrent, dominés par de grands tertres de terre sur lesquels étaient installées les maisons des chefs, les structures administratives et religieuses et les sépultures des notables. Ces caractéristiques architecturales de même que la diversité des cultures vivrières, maïs, haricot et courge, indiquent une grande influence de la Mésoamérique. Durant cette époque du Mississippien, de 700 à 1 700 apr. J.-C. environ, on assista à une floraison des arts. La céramique continua de s’affirmer comme une technique autonome, d’une grande perfection, et caractérisée par des motifs géométriques complexes, gravés ou peints sur des formes abstraites ou figuratives (14). La figure humaine, qui apparaissait parfois dans les arts cérémoniels de l’époque archaïque, est de plus en plus présente (09).

De nos jours, beaucoup de groupes indigènes de cette région ont disparu ou subsistent en petit nombre. Il reste encore d’importantes populations d’Amérindiens dans les Woodlands de l’Est, notamment les grandes nations iroquoises de l’État de New York et du Canada, dont le mode de vie traditionnel se perpétue malgré l’acculturation et les nombreuses contraintes de la vie moderne.

L’aire culturelle du sud-ouest de l’Amérique du Nord est centrée sur les États de l’Arizona et du Nouveau-Mexique et s’étend largement aux confins de l’Utah, du Colorado, du Texas et du Mexique (voir la carte). En 7000 av. J.-C. environ, les premiers habitants de ces déserts étaient rassemblés en petits groupes familiaux qui vivaient de la collecte de graines, de noix, de racines et de fruits sauvages, ainsi que de la chasse aux petits animaux et aux oiseaux. Cette tradition se perpétua jusque vers 100 av. J.-C., quand un système sédentaire d’agriculture performant fut introduit au Mexique et en Mésoamérique (voir la chronologie). Autour de trois principaux produits de l’agriculture américaine, le maïs, le haricot et la courge s’organisa un mode de vie agricole sédentaire qui engendra de grandes traditions artistiques et culturelles toujours vivantes. Comme dans la région des Woodlands de l’Est, le développement de l’agriculture collective et la sédentarisation rendirent nécessaire la construction d’habitats permanents et, ceci fut à l’origine de l’architecture.

Un autre facteur déterminant de ces changements fut l’introduction de la céramique, utilisée pour le stockage, la préparation et la consommation des aliments solides et des boissons. Jusque vers 300 av. J.-C., les habitants de cette région, qui ne connaissaient pas la poterie, pratiquaient la vannerie avec une grande maîtrise. Le nouveau mode de vie sédentaire, venu de la Mésoamérique, impliquait l’emploi de la poterie, plus durable que la vannerie. Ces céramiques, dont l’aspect était important pour les habitants du Sud-Ouest, servaient autant dans la vie pratique quotidienne qu’au cours de rituels religieux.

La majorité des céramiques décorées du Sud-Ouest ancien est ornée de motifs géométriques. La plupart d’entre eux évoquent de manière abstraite des éléments naturels, nuages, éclairs, tourbillons et motifs en spirale, qui renvoient tous au thème de l’eau, précieuse en milieu aride (17-18-19-20-25). Ces décorations figuraient également les proies des chasseurs (35) ou les animaux liés à l’organisation religieuse sur laquelle reposait la vie quotidienne et spirituelle.

Parmi toutes les traditions anciennes de l’Amérique du Nord, celles du Sud-Ouest sont restées les plus vivaces. Par exemple, les Hopis, descendants des Anasazis, vivent toujours dans les trois mesas où leurs ancêtres s’étaient installés il y a plus de 3 000 ans et habitent des maisons en pierre et en adobe vieilles de plusieurs siècles, comme leurs voisins pueblos de la vallée du Rio Grande (31). Grâce à la force indomptable de ces peuples indigènes, les grandes traditions sociales, culturelles et religieuses de l’histoire ancienne nord-américaine sont vivaces.