Les allergiques

Je viens toute croche chaque fois que j’entends ou que je lis le mot « allergique » utilisé comme nom pour décrire les personnes qui ont des allergies alimentaires. Je sais que les personnes qui l’utilisent sont bien intentionnées et souvent motivées par un désir de nommer les individus allergiques de façon concise. Par contre, il y a des risques à désigner des personnes en les identifiant à un groupe qui doit composer avec des limites que les autres n’ont pas.

En effet, nommer les personnes qui ont des allergies alimentaires comme étant « les allergiques », c’est les identifier par ce qui les différencie des autres. Ce faisant, « les allergiques » perdent leur statut de personnes pour devenir uniquement une problématique de santé qui déroge de l’idéal de notre société. Préciser que des personnes appartiennent à un sous-groupe de la société, c’est classer les individus et ainsi participer à les étiqueter socialement. Dans bien des cas, l’étiquetage peut conduire à la discrimination qui elle encourage le traitement inégal des individus. De façon générale, en ramenant les personnes à ce qui les différencie, on risque de favoriser leur exclusion sociale parce que l’étiquetage peut mener à la marginalisation.

Je ne crois pas que les individus qui utilisent actuellement « les allergiques » sont conscients des effets pervers de ce geste tout simple. Cependant, force est de constater que des êtres bien intentionnés contribuent au processus d’étiquetage social des personnes ayant des allergies alimentaires. Ce sera peut-être quand ils entendront « Toi l’allergique ! Tasse-toi de là » qu’ils réaliseront toute la force de ce mot.

À l’inverse de mettre l’accent sur ce qui distingue les personnes allergiques et ainsi les mettre à risque d’être mis à l’écart, c’est en mettant l’accent sur ce que les personnes allergiques ont en commun avec les autres qu’on peut faciliter leur intégration sociale.

Source : lesallergiesalimentaires.com