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L’art du Sud-Ouest américain

Pendant des millénaires, dans la plupart des régions de l’ancien Sud-Ouest, les cultures humaines ont été fondées sur la cueillette en milieu désertique. Ce mode de vie commença à changer, il y a environ 2 500 ans, lorsque furent introduits, sous l’influence de la Mésoamérique, la culture de plantes domestiquées et certaines innovations techniques importantes, dont la céramique. Les archéologues ont découvert que ces idées et ces méthodes de culture nouvelles provenaient de la région de Chihuahua, au Mexique, et de centres de civilisation comme Casas Grandes. En 100 av. J.-C., les traditions principales de la civilisation du Sud-Ouest, Mogollon, Anasazi et Hohokam étaient bien établies. Implantées à la même époque, elles partageaient de nombreux traits communs. On considère cependant que la culture Mogollon fut la première à bénéficier de ces innovations et que, à partir de cette zone, l’agriculture, l’architecture et la céramique se diffusèrent dans les régions Anasazi et Hohokam.

On possède quelques sculptures en bois et en pierre, des paniers et des inscriptions rupestres de l’ancien Sud-Ouest, mais la forme artistique la plus commune qui a subsisté est la céramique, différente selon les régions et les lieux, et selon la créativité de chaque artiste. On distingue deux types principaux de récipients : des poteries utilitaires non décorées et, à partir de 1000 apr. J.-C., une grande variété de céramiques, remarquables par la recherche de motifs décoratifs, symboliques et figuratifs faisant preuve d’une grande imagination.

Dans la plupart des cas, les céramiques anciennes du Sud-Ouest étaient fabriquées avec la technique du colombin en spirale puis raclées et lissées, pour obtenir des récipients aux parois fines et solides. La surface, ainsi travaillée et polie, était peinte à l’aide de pigments minéraux rouges et blancs, ou de pigments noirs obtenus à partir de plantes sauvages. Ensuite, la pièce était cuite dans un feu de broussailles, à l’air libre. Vers l’an 1000 apparut une nouvelle technique de couverte, en provenance de la région Anasazi, qui consistait à recouvrir la céramique d’un engobe d’argile blanche (20-21). Dans le Sud-Ouest, les motifs complexes sont peints à main levée, directement sur la céramique sans dessin préparatoire, sans prendre de mesure ni employer d’outil, excepté le pinceau en feuille de yucca pour appliquer la peinture.

La tradition de poteries peintes figuratives la plus célèbre et la plus répandue fut produite pendant environ quatre cents ans dans la région Mogollon du Nouveau-Mexique par les Mimbres, un peuple d’agriculteurs qui prospéra au début de l’ère chrétienne. L’intérieur des céramiques est recouvert d’un engobe d’argile blanche sur laquelle les artistes peignaient des motifs géométriques abstraits (34), divers animaux (oiseaux, insectes et poissons) présents dans la région (36-37-38-39), et, ce qui est inhabituel, la représentation détaillée de différentes activités humaines (33), par exemple la chasse (35) ou la célébration de cérémonies religieuses. Ainsi, les artistes mimbres ont laissé, sur leur ancien mode de vie, un témoignage extraordinaire qui permet de faire le lien entre leur univers et les mutations de l’environnement culturel qui se sont imposées avec l’arrivée des Européens.

Les Anasazis, quant à eux, occupèrent l’aire culturelle la plus étendue du Sud-Ouest. Les peuples anciens de cette région adaptèrent l’agriculture au relief de haut plateau aride qui constituait leur cadre de vie et, entre le début de l’ère chrétienne et 400 apr. J.-C., ils déployèrent un vaste réseau d’échanges économiques et culturels. Les régions Anasazis du nord de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, du sud de l’Utah et du Colorado (voir la carte) étaient reliées par de grandes voies commerciales qui joignaient entre elles les principales zones d’habitation. De celles-ci un grand nombre d’architectures magnifiques sont bien conservées, notamment à Mesa Verde, près de la frontière entre l’Arizona et le Colorado, à Betatakin et Canyon de Chelly, respectivement dans le nord et l’est de l’Arizona. L’un des plus grands centres était Chaco Canyon, au nord-ouest du Nouveau-Mexique. Les communautés chacos se développèrent entre 900 et 1280 apr. J.-C., date à laquelle des modifications de l’environnement et des ressources alimentaires entraînèrent un changement démographique. À leur apogée, le large fond du canyon accueillait une série de pueblos importants pourvus de constructions cérémonielles.

Certains, comme Pueblo Bonito formaient de grands ensembles semi-circulaires d’appartements, pouvant abriter plus de 1 500 personnes. Certains secteurs, atteignant quatre ou cinq étages, constituaient la place centrale, comprenant aussi de nombreuses kivas, chambres souterraines où se tenaient des réunions à caractère sacré, et qui restent un élément vital de tout village pueblo traditionnel. Les Hopis du nord de l’Arizona sont les héritiers actuels de la grande tradition Anasazi (30-31).

L’aire culturelle Hohokam occupe la troisième grande région du Sud-Ouest ancien. Regroupés autour des vallées désertiques brûlantes du sud de l’Arizona (voir la carte), les Hohokams tirèrent largement parti de l’agriculture et des autres éléments culturels mésoaméricains introduits par l’intermédiaire des Mogollons, mais dont le plus important est le développement de grandes villes et de lieux rituels. Les plus grandes villes Hohokams comportent souvent des caractéristiques mésoaméricaines, en particulier les tertres à plate-forme et les terrains rectangulaires de jeu de balle rituel, courants chez les Mayas et dans d’autres cultures mexicaines anciennes. On lui doit également un type de céramique particulier, en terre de couleur chamois, sur laquelle étaient peints en rouge des motifs géométriques et humains, des animaux et des êtres mythiques stylisés (40). Les descendants des Hohokams vivent encore dans la région des vallées de Gila et de Salt River près de Phoenix (Arizona).


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