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L’aire panaméenne

L’aire panaméenne a suivi une évolution comparable à celle du Costa Rica. Il y a 5 000 ans environ, les populations adoptèrent une agriculture en voie de sédentarisation, complétée par la chasse, et produisirent leurs premières poteries dès 3000 av. J.-C. En céramique, la tradition panaméenne est d’une grande richesse avec des vases d’un graphisme complexe, ornés de riches motifs peints (117). Ses formes sont très diverses : sveltes cruches à col, bols, vases zoomorphes, assiette à socle ou à pied. Les décors sont géométriques ou zoomorphes, correspondant donc aux goûts et aux croyances de cette culture. Celle-ci, comme au Costa Rica, était organisée en chefferies, le chef lui-même exerçant des pouvoirs religieux et temporels, veillant à la redistribution des exédents agricoles et contrôlant les entrepôts où maïs, patate douce, piments, arachide, fruits et viande étaient emmagasinés. Un chef régional pouvait être le suzerain de plusieurs potentats locaux. Pour jouir d’un statut social élevé, il fallait être courageux, et plus particulièrement au combat, ou exceller dans la pratique d’un art. Les objets d’art, à vocation rituelle, décorative ou funéraire, étaient associés à toutes les étapes de la vie et, pour les vivants et les morts des classes élevées, les signes de distinction sociale étaient affichés par les tenues vestimentaires ornées de parures. De là vient la haute estime dont jouissaient ceux qui les fabriquaient.

Les parures les plus prestigieuses sont des pièces d’orfèvrerie, technique introduite d’abord à Panamá, puis au Costa Rica, qui étaient plus proches de l’aire sud-américaine. Cette région, sans tradition de travail du jade, et sans lien direct avec les civilisations de l’ancien Mexique, était plus réceptive aux influences venues du sud. L’or n’est pas difficile à trouver, à Panamá, et sa transformation en objets commença il y a 2 000 ans selon les techniques mentionnées plus haut. Les artistes panaméens utilisèrent aussi le répertoire iconographique commun à toute la Mésoamérique — animaux (116-119), grenouilles (125), personnages (114), oiseaux (122-124), félins, lézards ou alligators (126) et créatures surnaturelles combinant éléments humains et animaux (115-118) — pour leurs ornements. C’est la qualité de l’ouvrage plus que la quantité d’or qui donnait à l’objet sa valeur. Les parures en or (121), portées par les catégories sociales les plus aisées, étaient le principal symbole de richesse et d’autorité dans la société panaméenne.