Choix difficile
En début d’année scolaire, lorsque l’enseignante de Fiston a annoncé que les élèves feraient un voyage de fin d’année, j’ai accueilli la nouvelle comme une fatalité qui devait arriver un jour ou l’autre. Depuis longtemps déjà, j’avais envisagé l’éventualité de ce voyage en me demandant quelle sera la meilleure façon d’y faire face.
Comme la majorité des parents d’enfants allergiques ou pas, je me suis d’abord préoccupée de la sécurité de mon enfant. Dans le cas du voyage scolaire de Fiston, ce sont les repas pris au restaurant qui constituent le principal danger. J’ai considéré que les risques de réactions allergiques augmentent selon le nombre d’allergies, l’utilisation fréquente ou pas de ces aliments et la connaissance des allergies alimentaires par le personnel de l’établissement. Contrairement à d’autres restrictions alimentaires (ex. sucre ou cholestérol), le moindre contact avec l’allergène provoque une réaction allergique. Il n’y a donc pas de marge d’erreur possible. Puis-je faire confiance en la capacité de la majorité des cuisiniers à gérer les risques de contamination croisée ?
Ensuite, c’est la qualité de vie de Fiston qui a m’a tracassée. C’est que les bénéfices qu’il peut retirer de ce voyage sont d’abord et avant tout liés à l’expérience de groupe plutôt qu’à la visite des villes qu’il connaît déjà très bien. Comme je l’ai toujours fait, je me suis préoccupée d’éviter à Fiston le piège de se tenir à l’écart de la vie en société dans lequel il peut se faire prendre en tentant d’échapper à des situations pouvant compromettre sa sécurité.
J’ai dû aussi considérer que de son côté, Fiston est inquiet de la réaction des autres qui ne manqueront pas de remarquer qu’il ne partage pas leur repas. Depuis qu’il est entré à la maternelle et qu’il a été menacé par un élève de manger de force des arachides, il n’aime pas attirer l’attention sur ses allergies alimentaires. Maintenant, qu’il est à l’adolescence et qu’être comme les autres est plus important que jamais, ce sont surtout les questions et les commentaires qui l’irritent.
C’est la priorité que j’ai accordée à chacune de ces préoccupations qui justifie ma décision. Cette décision est la meilleure pour moi mais pas forcément pour les autres. En effet, comme pour la population en général, les parents d’enfants allergiques ne sont pas tous pareils et ils ont des priorités différentes. C’est pourquoi je comprends que la plupart choisiront de faire préparer par les restaurateurs des mets spéciaux pour la personne allergique. D’autres ne permettront tout simplement pas à leur enfant de participer au voyage. Une minorité assumera le maximum de risque en ne prenant pas de précautions spéciales pour leur enfant allergique.
De mon côté, j’ai choisi de faire des compromis qui permettent de privilégier la sécurité et la qualité de vie. De façon pratique, cette décision implique que Fiston a apporté dans une glacière tous les repas qu’il mangera durant son séjour. Du coup, il devra assumer d’être différent. De toute façon, ne sommes-nous pas tous différents les uns des autres ?
Source : lesallergiesalimentaires.com