Tout sur Tout

Amoureusement ski

Comment partez-vous au ski ?
Non, bien sûr, je ne parle pas du moyen de transport ou d’autres conditions techniques ; mais plutôt, avec qui partez-vous, quelle est la tribu qui vous entoure, quelle tendance suivez-vous ?

Une des choses les plus classiques que j’ai pu remarquer, c’est que les parents adorent y emmener leurs enfants, tout contents de leur faire (re)découvrir les joies de la neige. Ça m’étonne !
Soit, ils les emmènent skier avec eux, le père embrochant son fils entre ses skis, à demi plié pour le tenir par les épaules, propulsé par la vitesse du chasse-neige (ça me fera toujours sourire !) soit, ils les mettent en cours collectifs (ah, ces petits serpentins de bonhommes en files indiennes…) : enfin, là, chapeau, c’est quand même le bon plan pour skier à l’envie délivré de toute contrainte !

En fait, je me demandais : Comment skiez-vous ?
Mes pensées recueillies lors de mes dernières vacances au ski s’accordent à dire que les niveaux sont toujours aussi disparates : on trouve de tout sur les pistes de toutes les couleurs.
Il y a d’abord les Débutants, jeunes ou moins jeunes, qui ne skient qu’en plein milieu de la piste et seulement bien agrippés à leurs bâtons, comme à autant de cordes de sécurité, avec bien du chasse-neige.
Puis, la catégorie Intermédiaire, celle qui suit un chef de file : ce skieur moyen se débrouille très bien quand il s’agit de suivre le leader, mais de façon un peu moins franche dans une descente non guidée…
Puis, plusieurs niveaux de Skieurs intermédiaires entre les « à l’aise » et les moyens.
Et enfin, au final, passons aux choses sérieuses avec les skieurs really à l’aise, qui se débrouillent et passent partout, les « presque Pros » qui skient sur le côté ou hors des pistes (les moins gênants !) et qui avancent à allure soutenue (des plus rythmés…).
Je ne suis pas une férue de vitesse mais c’est très frustrant d’être coupée dans son élan, durant un schuss, quand quelques « oursons » décident qu’il faut slalomer (attention à ne pas aller trop vite quand même !)

Quoique… Notre petit bonheur, avec mon frère, c’est de prendre de la vitesse, sur les pistes rouges, et c’est à qui ira le plus vite : l’ivresse que procure la vitesse ! Le sentiment de pouvoir glisser toujours plus vite et toujours plus longtemps, ce sont des sentiments grisants et exaltants qui procurent un réel plaisir, une fois que l’on maîtrise bien sûr ses skis. Accélérer en offrant le moins de résistance au vent, les jambes pliées, les genoux amortissant les chocs, le buste aplati contre les cuisses contractées, les bâtons collés le long du corps, la tête rentrée entre les épaules… Plus on s’abaisse, plus on descend bas, plus on tutoie la neige, plus on va vite ; c’est le sprint du skieur, c’est l’effort concentré sur les jambes, c’est la victoire assurée pour celui qui sera le plus aérodynamique possible ! Et à l’arrivée, quelle plénitude, quel engouement, quelle énergie conférée par la vitesse acquise ! Une vitesse si grande que personne ne peut vous doubler ; c’est vous qui ouvrez la voie, qui tracez un nouveau chemin, une autoroute sur neige, parmi les autres skieurs ; c’est vous qui carburez, vous êtes une Ferrari, l’Ourasi des skieurs, un crack étourdi de vitesse, enivré par cet environnement blanc, saoulé par le vent qui vous mord le visage ; et enfin, quand la course se termine, quand l’arrivée commence à apparaître, que les skis tournent pour opposer plus de résistance, la vitesse s’évapore petit à petit ; il ne reste derrière vous qu’un nuage de neige, et les outsiders tentant de vous rejoindre. Quel sentiment de bien-être procuré par la vitesse, quel enthousiasme de mener la danse, d’être le leader le plus rapide !

Une petite correction : je me suis un peu trop avancée en affirmant qu’on trouve de tout sur les pistes de toutes les couleurs. Car les pistes noires sont très sélectives. Et très exigeantes. Si vous sentez que vos jambes sont mises à l’épreuve sur une piste rouge, ne vous aventurez pas sur le niveau d’au-dessus. Si vous êtes effrayé à l’idée d’une piste verglacée ou bosselée, n’allez pas voir ce qui se passe entre les balises noirs. Et si vous n’avez pas une conception très sportive du ski, ne tentez même pas de vous essayer à cet exercice de difficulté supérieure.
Par contre, si vous avez envie de voir ce qui se passe du côté obscur de la montagne, si vous voulez vous essayer à de nouvelles sensations, si ça vous dit de secouer un peu vos jambes, alors n’hésitez plus, allez titiller la neige la plus exigeante, lancez-vous sur un chemin noir. Mais pas n’importe lequel. Perso, j’aime beaucoup les pistes noires. Mais si elles sont trop sombres (comprenez, trop à l’ombre), trop bossus (une bosse c’est bien, des montagnes russes c’est trop) ou trop froides (un abord glacé n’a jamais attiré personne, encore moins un skieur), passez votre chemin et cliquez sur next. Cherchez chaussure à votre pied ! Enfin, piste à vos skis. Et n’oubliez pas d’être exigeant : la piste, c’est un partenaire, on la choisit avec autant de soin qu’un compagnon. Après tout, on va faire un bout de route ensemble…
Une fois le bon candidat sélectionné (bon, arrêtons là la métaphore… un peu de sérieux !) ; donc, après avoir choisi entre « Myrtille » ou « Les Bouquetins », armez-vous de courage, ne scrutez pas trop la descente, ne tergiversez pas sur la pente et inspirez un grand coup ! Arrêtez de trop réfléchir et savourez : lancez-vous !