Alzheimer Les loisirs cérébraux à double tranchant
La revue scientifique américaine Neurologie, a fait paraitre le 1er septembre dernier les résultats d’une étude sur la maladie d’Alzheimer. Les conclusions sont pour le moins surprenantes. Contrairement à ce que de précédentes études laissaient croire, la pratique d’exercices cérébraux ne ralentit pas la progression de la maladie d’Alzheimer, elle pourrait même l’accélérer. Alors pour combattre Alzheimer, mieux vaut laisser de côté les mots-croisés ?
Les chercheurs du Rush Alzheimer’s Disease Center and Rush Institute for Healthy Aging et de l’Université de Chicago ont tenté de connaitre l’effet des exercices mentaux sur le déclin cognitif avant et après l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Pour mener à bien ces recherches, les scientifiques ont fait appel à une cohorte de 1157 participants âgés de plus de 65 ans, ne présentant aucun symptôme de déclin cognitif au début de l’étude, il y a douze ans. Ces individus se soumettaient tous les trois ans à des tests destinés à évaluer leurs capacités cognitives.
Suite à ces tests, les participants ont fait l’objet d’évaluations cliniques, qui ont permis de distinguer trois groupes : 614 personnes ne présentaient aucun déclin cognitif, 395 étaient atteints de troubles cognitifs modérés, et 148 souffraient de la maladie d’Alzheimer.
Leur niveau d’activité intellectuelle a ensuite été mesuré sur une échelle de 5 points.
Le déclin cognitif des malades d’Alzheimer augmenterait parallèlement à leur niveau d’activité intellectuelle sur l’échelle.
Retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer
Par conséquent, si la stimulation de l’intellect reste conseillée pour retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer, une fois celle-ci déclarée, les exercices cérébraux ne feraient qu’accélérer les symptômes. Les résultats obtenus par le Professeur Robert Wilson et son équipe font l’effet d’un pavé dans la mare.
“En effet, ces résultats suggèrent que le bénéfice d’un report de l’apparition initiale de troubles cognitifs est au prix d’une progression plus rapide de la démence”, dit Wilson.
Les chercheurs suggèrent une réponse intéressante à ce phénomène. Si les symptômes de la maladie sont retardés chez les personnes stimulant leurs capacités cognitives, leur cerveau ne s’en dégrade pas moins. Les performances intellectuelles accumulées entraineraient simplement un retard dans le diagnostic. Les loisirs cérébraux réduisent donc le nombre d’années pendant lesquelles la personne souffrira d’Alzheimer.